Mercredi 13 avril, deux cérémonies officielles rendent hommage aux victimes de la Saint-Barthélemy (24 août 1572). Les protestants entreraient-ils à leur tour dans la compétition victimaire? La réponse de Patrick Cabanel, historien des religions.
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Edito d’Antoine Nouïs, dans Réforme du 14 avril 2016
Logiques de violence
Le mercredi 13 avril doit être dévoilé à Paris une plaque en hommage aux victimes de la Saint-Barthélemy.
A partir du moment où tous les témoins d’un massacre ont disparus, ce type d’événement n’a de l’intérêt que s’il nous aide à penser les défis de notre présent. Nous pouvons faire trois remarques.
Dans l’histoire, la Sainte Barthélemy a été relue plus comme un symbole universel de l’intolérance religieuse que comme une attaque des catholiques contre les protestants. Au regard de l’actualité, cette commémoration véhicule une symbolique particulière. Elle nous rappelle que les vraies lignes de fractures ne se situent pas entre les catholiques ou les protestants, ni entre les chrétiens et les musulmans, mais entre ceux qui oeuvrent pour le vivre ensemble et ceux qui rêvent d’un pays avec une population uniforme et une religion unique.
La Sainte-Barthélemy est une illustration de l’enchaînement d’une violence qui échappe à ses initiateurs. A Paris et dans quelques villes de France, toute la foule ou presque fut prise d’une fièvre exterminatrice, d’une furie contagieuse qui poussa les gens à assassiner leurs voisins protestants, enfants, femmes et vieillards compris. Le même phénomène c’est reproduit dans l’histoire, ce qui nous oblige à un travail de mémoire, de vigilance et de formation pour résister à l’enchainement diabolique des logiques de violence.
L’histoire nous apprend que le massacre a été accueilli avec enthousiasme par le pape Grégoire XIII qui fit dire des messes d’actions de grâce et par les autorités catholiques, car elles pensaient qu’il signerait la fin des guerres de Religion. C’est l’inverse qui arriva et l’événement a marqué le début de la quatrième de ces guerres. C’est un leurre de croire que la violence peut arrêter la violence, elle ne fait que l’alimenter. La vraie solution pour arrêter la violence est une politique fondée sur la justice, la confiance et une volonté farouche de vivre ensemble.