« Pour les chrétiens, il y a plus important que la fidélité au passé, c’est la fidélité à l’avenir. »
En 1517, Luther affichait ses « 95 thèses » ; à l’occasion des 500 ans de cet acte fondateur, inspirons-nous de son geste : quelles sont nos « thèses » pour l’Évangile aujourd’hui ? En quoi Jésus Christ donne t- il son sel, sa lumière, son sens, à notre vie personnelle et commune ? Margot Käßmann, ambassadrice du Conseil de l’Église protestante d’Allemagne pour le Jubilé 2017, a développé ses « 10 thèses ».
En voici un résumé :
1. Un regard critique en arrière
Les jubilés ont toujours porté la marque de leur temps. Il sera important d’oser un regard critique et constructif, donc bien protestant, sur notre héritage.
2. Un horizon oecuménique
Le jubilé 2017 est le premier après 100 ans de mouvement oecuménique.
Quels sont nos liens avec les Églises du monde entier ? Quelle est la contribution spécifique des Églises de la Réformation ? Que signifie ce jubilé au Brésil, en Afrique du Sud, en Tanzanie ?
3. Le dialogue des religions
L’Église doit continuellement se réformer : cette affirmation fondamentale est devenue réalité dans le dialogue judéochrétien qui a donné l’occasion aux protestants de s’interroger sur leur propre histoire et ses conséquences dramatiques. La réflexion et le dialogue avec toutes les religions sont indispensables, et doivent être fondés théologiquement.
4. Nos « Soli » sont un condensé de foi dans une époque de sécularisation :
• « Seul » Jésus Christ est décisif, c’est lui et non l’Église qui a autorité sur les croyants.
• « Seule » la grâce de Dieu justifie ta vie, et non ce que tu fais ou ce que tu accomplis.
• « Seule » l’Écriture, la Bible, est le fondement de la foi, pas les dogmes ou les enseignements de l’Église.
• « Seule » la foi est décisive, et non tes oeuvres, ta vie ne dépend pas de tes succès ou de tes échecs.
5. Les femmes
2017 est le premier jubilé où la grande majorité des Églises protestantes du monde entier accepte les femmes comme pasteures et comme évêques. En 2017, ce sera un signe distinctif, et ceci par conviction théologique.
6. Surmonter la division
2017 sera le premier jubilé après la Concorde de Leuenberg de 1973. Malgré toutes les différences, des Églises réformées, luthériennes et des Églises unies peuvent, sur la base de la Concorde, se reconnaître mutuellement comme Églises. La différence n’a pas besoin d’être séparatrice.
7. L’éducation et la culture
2017, sera célébrée dans un temps où la méthode historico-critique de l’exégèse biblique est largement acceptée et reconnue. Une des contributions les plus importantes de la Réformation est d’encourager à une foi adulte, éduquée, cultivée, une foi qui veut comprendre, une foi qui ose poser des questions, y compris en ce qui concerne la Bible.
8. La liberté
2017 sera le premier jubilé marqué dans la plupart des États dans le monde par une séparation claire entre Église et État, et par une adhésion claire en faveur d’une constitution et des droits de l’homme. Pour la Réforme, foi et raison ne s’excluent pas, cela a aussi des conséquences politiques : l‘Église doit avoir une parole libre là où les droits de l’homme sont foulés aux pieds.
9. La justification
En 2017, dans une société orientée vers le succès et la réussite, le rendement et la performance, il nous faut traduire pour notre temps la promesse de vie découverte par Luther : Dieu a depuis longtemps donné un sens à ta vie, peu importe ce dont tu es capable, peu importe ce que tu peux accomplir.
Tu es une personne considérée, parce que Dieu te considère.
10. La globalisation
Le jubilé de la Réformation 2017 sera dans une perspective de globalisation. La Réformation a été un événement européen, qui a pris bientôt des dimensions internationales.
À partir de la traduction résumée d’une conférence donnée par Mme Margot Käßmann, théologienne. Ambassadrice du Conseil de l’Église protestante d’Allemagne pour le Jubilé 2017 de la Réformation. Texte complet (12 pages) sur demande.
Pasteur Pierre Magne de la Croix